Dorothy au travail

Quelques éclaircissements par Dorothée elle-même concernant sa conception, son cheminement et sa pratique de la céramique.

À la fin de mes études en arts visuels et récréologie, je suis partie au Brésil pendant trois ans. Cette passion pour le métier m’est venue pendant mon apprentissage, alors que je travaillais dans une fabrique locale de brique et de tuiles, entreprise au fonctionnement relativement primitif, davantage tributaire d’une tradition inspirée de l’art populaire plutôt que de la pensée industrielle.

L’observation des mondes végétal, animal et humain dans un décor de forêt tropicale et à proximité immédiate de l’océan a influencé et modelé mon style personnel,  qui, selon mes contemporains, peut se qualifier « d’abstraction organique ». Mon style est porteur des traces africaines et précolombiennes, lié aux mondes visible et invisible. Quels sont les éléments en jeu ? Ce sont : eau, terre et feu. C’est la grande transformation.
Extrait de « présentation Dorothy, 2006 »

Un jour, pendant qu’il travaillait à son tour, un potier me dit : ‹ L’argile se souvient ›.
 Ces mots ont eu un effet direct et continu sur mon œuvre. À ce moment, j’ai compris la nécessité de l’effort et de la discipline. Il faut une grande maîtrise des techniques de travail pour libérer l’esprit de façon à ce qu’il puisse entrer en contact avec la mémoire-connaissance de la terre.

Si la terre se souvient, l’artiste aussi se souvient, dans ses mains. L’union de ces deux mémoires produit un retour à l’origine. C’est de la montagne, qui porte les traces géologiques de la chaleur, de l’eau et de l’air, c’est de la terre avec toutes ses empreintes dans mes mains, que la forme naît.
Cette expérience de création est vraiment inscrite à la fois dans la matière et dans la forme. Je fais donc des vaisseaux contenant la souvenance d’un rituel de ce qui est et de ce qui a été.
Catalogue de l’exposition Contenants du contenu, Galerie « A », Montréal, 1982.

 

Démarche :

Ma présence dans l’atelier est une expérience complètement distincte des autres activités quotidiennes.
Une dynamique spécifique se met en route. Un rituel se produit. Une tension est perçue entre le savoir-faire habituel et l’inconnu. J’ai un grand plaisir de façonner et de regarder les pièces prendre forme. Parfois elles apparaissent selon mes idées, mais souvent il y a un moment magique, une expérience inexplicable, un lâcher-prise qui prend le dessus. Mes créations laissent transparaître des influences dues au dessin d’après le modèle vivant, des sculptures et des poteries. 
Février 2012