Techniques mixtes
Terre, eau, feu, air, espace/vide : dans la tradition bouddhiste, le monde que nous habitons est composé de ces cinq éléments et leurs qualités sont vivantes en nous. À l’approche de la mort, il y a une dissolution de ces éléments fondamentaux, vers quelque chose de plus – un vide qui n’est pas vide, une ouverture, une libération de cette expérience de la vie.
Dorothée participait régulièrement à un groupe de méditation bouddhiste (Sangha), que j’ai animé pendant près de 10 ans . Elle comprenait intuitivement cette philosophie, et avec son honnêteté et son humour typique, les enseignements brillaient pour – et dans – elle, d’une manière qui apportait toujours des réflexions dans notre groupe. Elle m’a encouragée à continuer d’animer ce groupe à des moments où j’étais prête à tout simplement y mettre fin. La pratique comptait tellement pour elle, son dévouement m’a touchée.
Au fil des années, notre groupe évoluait vers des pratiques plus profondes et pour des périodes plus longues (des mois et des années axées sur des pratiques spécifiques). Nous avions plongé dans des méditations sur l’impermanence et la mort – réflexions sur l’apparition naturelle et la dissolution de l’expérience – en visualisant la dissolution des cinq éléments. Un jour, Dorothée est arrivée avec une série de vingt et un dessins colorés inspirés de cette pratique. Ces dessins – faits à raison d’un chaque jour durant trois semaines consécutives – allaient devenir l’œuvre présentée ici.
Une amie commune, elle aussi praticienne en méditation, avait acheté ces dessins à Dorothée. Quand Dorothée s’est approchée de la fin de sa vie, elle a demandé que ces images soient près d’elle. L’oeuvre a été rapidement encadrée et accrochée dans sa chambre, si bien qu’elle a pu l’avoir sous son regard lorsqu’elle-même a franchi les étapes qui ont marqué sa dissolution – dans la méditation.
Sonia Osorio, Montréal, janvier 2020